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vendredi 2 mars 2012

Sortons les cellulaires des écoles

Magnifique lettre publiée dans La Presse, ce matin.
Qu'en pensez-vous ?


  • 2 mars 2012
  • La Presse
  • CHANTALE POTVIN Enseignante en français en 5e secondaire depuis 20 ans, l’auteure adresse sa lettre à la ministre de l’éducation, Line Beauchamp. Mme Potvin a récemment publié les romans « Ta gueule, maman » et « Les coulisses de l’intimidation » .

Sortons les cellulaires des écoles

Le texto est devenu l’ennemi scolaire numéro un

Comme un vautour insatiable et sans- coeur, un spectre vampirique plane au- dessus des écoles du Québec. Ni la malbouffe qui encrasse les foies et surcharge les fesses ni la « peanut » qui décime toute une génération, qui est cet antagoniste monstrueux et menaçant, cet ennemi scolaire numéro un? Le texto! Oui, Madame la ministre, le texto!
PHOTOFOURNIE PAR JESSICA LACASSE Les dents serrées et les mains crispées par leur puissante dépendance à leur jouet maléfique, comme hypnotisés, les jeunes « textent » parfois à des amis qui marchent ou sont assis avec eux, tout près d’eux, dans leur bulle, presque ! C’est l’hérésie ! Ce moyen de communication – ou d’intimidation parfait –, qui cause de graves accidents de la route, est sur le point de handicaper irréversiblement la langue française et tout le concept de la camaraderie d’antan. J’oubliais un point important: Vanessa, une élève de 4e secondaire, a récemment confié à son intervenant que le texto comptait pour environ 30% de ses échecs scolaires.
Il suffit d’observer les jeunes dans les corridors d’une école secondaire pendant une récréation pour constater l’envahissement et surtout le grotesque spectacle de l’abus du cellulaire. Partout! Ils sont à la bibliothèque, dans les toilettes, à l’extérieur, dans les étuis, dans l’autobus, à la cafétéria... Les dents serrées et les mains crispées par leur puissante dépendance à leur jouet maléfique, comme hypnotisés, les jeunes « textent » parfois à des amis qui marchent ou sont assis avec eux, tout près d’eux, dans leur bulle, presque! C’est l’hérésie!
Dans tous les recoins, comme des invasions d’insectes fous, de petites phrases insipides, médisantes, truffées de fautes et de malentendus sont catapultées sur des milliers de claviers tactiles dernier cri. Et cela se passe dans nos écoles, Madame!
Si seulement vous pouviez constater l’étendue des dégâts et des problématiques entraînées par les « textos » . Nommons l’intimidation, la vente de drogue, la tricherie, le plagiat, les disputes, le taxage et les échecs scolaires.
De plus, comme les jeunes trimbalent leur caméra en permanence, quel beau matériel rigolo à déposer sur Facebook ou Youtube. Quel bonbon succulent ou quelle arme herculéenne que les films d’un prof qui gueule ou d’une élève timide qui pleure ou qui dit quelque chose de si stupide…
Il faut absolument interdire l’entrée de ces millions d’ondes radio dans TOUTES les écoles du Québec. Il faut que cela devienne une loi nationale, tout naturellement, au même titre que la cigarette qui est bannie des écoles depuis le 1er septembre 2006. Tout compte fait, devant le tableau de l’évaluation desmaigres pour et des solides contre, le cellulaire est aussi gangréneux et cancérigène que la fumée.
Pour vous convaincre des méfaits de cette technologie insidieuse qui ravage tout en grugeant lentement le taux d’obtention de diplôme, j’aurais bien pu insister en discourant sur les centaines de décès sur la route, mais les chiffres établis par la SAAQ peuvent vous confirmer l’hécatombe. Admettons- le, il est difficile, voire impossible, d’empêcher un conducteur irréfléchi de rédiger son testament au volant.
Or, dans les écoles, aux sons du bercement grinçant du concept de la vraie amitié qui s’effrite, il est possible d’agir avant que les sublimes mots « tu sais que je t’aime » ne deviennent officiellement « tsé ke jtm » dans le Larousse! Questionnons- nous, Madame!
Quelle est l’utilité pédagogique du cellulaire dans les écoles? Une interdiction nationale aiderait grandement le personnel des écoles secondaires qui en a déjà plein les bras. Au nom de la santé, des relations humaines, de la langue française… Au nom de la réussite scolaire et surtout du bon sens, sortons les cellulaires des écoles.

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